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16 octobre 2024

À ABBEVILLE, LES RÉSISTANTS REVIVENT GRÂCE AUX COLLÉGIENS

 

Au collège-lycée Saint-Pierre d’Abbeville, on a le souci de la transmission de la mémoire. Tous les ans, des élèves travaillent sur l’histoire et l’engagement d’un ou plusieurs personnages liés à la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Une initiative soutenue et encouragée par le comité d’Abbeville de la SMLH, prix L’Honneur en action 2023.


Quelques marches à descendre et l’on se retrouve sous l’Arc de Triomphe... Ce vendredi 24 mai 2024, comme d’habitude, des touristes passent et repassent. Un brouhaha incessant règne mais les jeunes présents ne se laissent pas distraire. Ils écoutent un membre du Comité de la Flamme leur détailler l’historique et la cérémonie à laquelle ils vont participer dans quelques instants : le ravivage de la Flamme, en hommage au soldat inconnu et à tous les morts au champ d’honneur. Un événement auquel leur établissement, Saint-Pierre d’Abbeville, participe une fois par an.

Gérald Vilcot est leur professeur d’histoire-géographie. Il explique : « Nous avons créé il y a 6 ans une classe défense et sécurité globale (CDSG), proposée en 3e. Elle compte chaque année 25 à 28 jeunes, à qui ce dispositif d’enseignement permet d’avoir une meilleure connaissance de la défense et de travailler le devoir de mémoire. Abbeville et sa région pouvant s’enorgueillir d’avoir « fourni » de nombreux membres à la Résistance, nous nous sommes spécialisés dans cette période ».

 

Deux heures d’enseignement hebdomadaires supplémentaires sont attribuées à cette classe et consacrées à des modules/ ateliers sur des thèmes variés comme la transmission, la citoyenneté, les métiers de la Défense... Une exposition, une brochure, une affiche, etc. traduisent ensuite concrètement, en fin d’année scolaire, le travail réalisé.

La brochure réalisée cette année scolaire par les élèves de 3e de la classe défense et sécurité globale du collège, avec l’aide du comité d’Abbeville.

Étudier un jeune de leur âge

« En 2023-2024, nous avons étudié Michel Santoni, né à Abbeville, poursuit Gérald Vilcot. Un jeune de leur âge pour mes élèves puisqu’il s’est engagé à 15 ans... » En mars 1941 en effet, il crée dans la capitale du Ponthieu un réseau de résistance, le mouvement Libre France. L’activité est interrompue en septembre 1942 après des arrestations par la Gestapo. Michel rejoint le maquis en Dordogne. À 19 ans, il intègre le comité de résistance de la Somme et participe à la libération de la ville. Un parcours exceptionnel donc mais, note avec amusement Gérald Vilcot, « la Légion d’honneur et la médaille de la résistance lui ont été refusées. Trop jeune... Elles ont été attribuées à son père, lui aussi résistant et considéré comme le « vrai » chef du réseau ! Même si c’était bien le fils qui menait les actions ».

À chacune promotion le nom du personnage

Le travail se fait à partir des archives bien sûr, en particulier municipales, dont le bâtiment est situé juste à côté de l’établissement scolaire. Un élève, Léo Leullier, est heureux d’expliquer les découvertes de l’année : « Nous ne nous sommes pas limités à Abbeville. La dématérialisation des archives facilite les recherches ! Le Service historique de la Défense à Vincennes nous a envoyé des copies de tous les documents voulus. Notre travail de réflexion et de synthèse a abouti à la rédaction d’une biographie de Michel Santoni affichée sur un grand panneau dans le hall du lycée et d’un roman de 25 à 30 pages que nous allons imprimer à compte d’auteur. Une belle aventure ! »

 

Son professeur renchérit : « D’un point de vue recherche historique, cela permet de faire des choses que l’on ne fait pas habituellement en classe et de découvrir des méthodes d’investigation. Les élèves peuvent en outre associer des noms et parfois des visages, si des documents photos ont été conservés, à des événements. Enfin, cette façon d’aborder l’histoire nationale à travers l’histoire régionale est beaucoup plus parlante ». Outre les cérémonies du souvenir auxquelles les élèves participent, chacune des promotions 

prend le nom du personnage étudié.

« Fier d'accompagner ces jeunes »

Jacques Mariette, président du comité d’Abbeville, se fait une obligation d’être présent ce jour-là : « J’ai assisté bien sûr au baptême de la promotion Santoni, le 21 mai dernier. Une façon de témoigner aux élèves le soutien de la SMLH. J’accompagne la CDSG depuis sa création. Représentant les ordres nationaux et l'Union Nationale des Combattants, je suis invité à toutes les manifestations organisées dans l'enceinte du lycée, et lors des cérémonies patriotiques. Nous avons de nombreux liens : par exemple, lors des assemblées générales des ordres nationaux à Abbeville, M. Vilcot et une délégation d'élèves sont invités. Ils présentent leurs travaux à une assistance fortement intéressée et très surprise de leur production... Je suis très honoré et fier d'accompagner ces jeunes perpétuant le devoir de mémoire et réalisant de nombreux documents. En 2022 et 2023, je leur ai remis le prix de la mémoire décerné par l'ANMONM de la Somme ».

Gérald Vilcot est leur professeur d’histoire géographie et Jacques Mariette, président du comité d’Abbeville.

 

Les personnages « phares » de la prochaine année scolaire sont déjà choisis : il s’agit d’une famille ayant hébergé des aviateurs canadiens, et dont un petit-fils enseigne aujourd’hui dans l’établissement. Les premiers contacts ont été pris et des descendants de ces aviateurs sont venus à Abbeville visiter le collège-lycée Saint-Pierre et participer à une cérémonie le 10 juin.

Témoignages 

Léandre Wichmann, porte-drapeau

« En 3e, j’ai porté le drapeau de la classe et je reviens cette année, en seconde, porteur du drapeau de l’association des déportés. C’est un engagement fort pour moi, car il rappelle les noms de 8 camps de concentration. Et c’est un moment un peu unique, on ne fait pas ça tous les jours ! Les jeunes de notre âge doivent CDSG être conscients qu’il faut garder des liens avec le passé pour éviter de refaire les mêmes erreurs. Beaucoup s’en désintéressent, c’est dommage. »

Noah Lécuyer, 1er porte-drapeau, CDSG

« Le devoir de mémoire est très important. Beaucoup de jeunes pensent par exemple que le 8 mai est juste un jour férié alors qu’il est essentiel de ne pas oublier les atrocités de la Seconde Guerre mondiale et les personnes qui sont mortes pour nous. C’est mon troisième Ravivage de la Flamme. Si mes études supérieures me le permettent, je reviendrai. »





Capucine Roucoux, garde d’honneur, CDSG

 

« Raviver la Flamme, c’est important pour le symbole et le souvenir. C’est aussi un honneur, je ne le ferai sans doute qu’une seule fois dans ma vie. Je trouve que la CDSG m’a ouvert l’esprit et j’ai appris en particulier comment bien tenir mon rôle dans des cérémonies officielles. »

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